Books of Knowledge and Their Reception
Through the looking Glass of the Texts
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Éloïse Adde (Université du Luxembourg): Le Nouveau conseil de Smil Flaška de Pardubice, une proposition de refonte du contrat politique sous le règne de Venceslas IV de Bohême ?

Par son inscription dans le milieu nobiliaire et les aspirations qui y sont formulées, le Nouveau conseil se situe dans la lignée de la Chronique de Dalimil. Pourtant, presque un siècle sépare les deux textes, qui sont en outre complètement différents sur le plan formel. Dans cette communication, nous proposerons une analyse de la vision du monde et d'idéal de gouvernement proposé par Smil Flaška, ainsi que l'éthique qui se dégage de son texte, tout en nous posant la question de la nouveauté ou non de son message et en nous intéressant à la forme et au genre choisi pour le communiquer, tout cela en le replaçant dans le contexte des troubles qui caractérise le royaume de Bohême à la fin du 14e siècle.


Martina Albertini (Universität Zürich): The Parrot and the Poet: Classical Models and Petrarchan Imitation in Two Sonnets by Giovanni Della Casa

The thematic and structural importance of the section of Giovanni Della Casa's Rime formed by the poems from XXXIII to XLVI was promptly recognized and highlighted by numerous scholars. These poems are not only significantly placed right before the thematic turning point of the canzoniere, the canzone XLVI, but many of them were also composed by Casa in a close dialogue and in competition with his main vernacular model alongside Petrarch, Bembo, thus forming a cohesive sequence. As it is customary in the Renaissance period, this kind of poetical dialogue focuses on the relationship between literary imitation and originality, helping us to cast light on a particular case of the complexed and nuanced phenomenon of Petrarchan imitation.
The paper gives an in-depth reading of two poems of this section of the Rime, the sonnets XXXVIII and XXXIX, whose relevance within the sequence remains unrecognized so far. The sonnets are to be understood as a diptych, not only because they share formal similarities and common lexical material, but also because both find their common denominator in the fusion of the poetic persona with a parrot. The «augel» ('bird') is one of the recurring lexical elements that unifies Casa's poetical discourse. It is as well a popular theme of Italian vernacular love poetry, that of the «augellin», who shares the pain of the poet in love. In the sonnets XXXVIII and XXXIX, however, Casa combines two different poetical traditions. By identifying the parrot as his «augel», he refers to the classical authors that chose the parrot as their poetic double –for example Ovid, Am. 2.6, and Statius, Silv. 2.4. The parrot, who shares with the poets the ability of speaking and mimic, allows them to meditate on the nature of imitation and, at the same time, to reaffirm their creativity within the tradition.
The paper aims at examining how these Latin models interact with the vernacular ones in the sonnets XXXVIII and XXXIX, with particular emphasis on how the choice of the parrot, of classical origin, reflects Casa's attitude towards imitation. This will ultimately help us to reassess the place that both sonnets occupy within the aforementioned sequence of poems.


Rafael Alemany Ferrer (Universidad de Alicante): Une possible allusion politique au Compromis de Caspe dans la Disputa de l'âne d'Anselm Turmeda

En 1418, le franciscain majorquin islamisé Anselm Turmeda (c.1352 - c.1424 / 32) écrit en prose catalane, de la Tunisie, la Dispute de l'âne (1417-18). C'est un débat sur la supériorité de l'homme sur les animaux, soutenu par le savant «frère Anselm» et par l'apparemment ignorant « asne roigneux ['sale'] à la queue coupée », l'un et l'autre alter ego de l'auteur. La séquence initiale de cetteœuvre, qui, symptomatiquement, n'est pas en l'apologiste arabe que l'auteur utilise comme source directe, présente une assemblée d'animaux dans laquelle ils sont disposés à choisir roi après la mort sans succession du monarque précédent. Il y a assez d'indices qui permettent d'affirmer que nous sommes confrontés à une probable allusion au Compromis de Caspe (1412), une décision politique extrêmement controversée et d'une importance capitale, qui a permis de résoudre le problème de la succession dans la Couronne d'Aragon, après le décès du roi Martin l'Humain sans descendants, avec la désignation comme nouveau monarque de Ferdinand d'Antequera, appartenant à la dynastie royale castillane du Trastámara.


Antonella Amatuzzi (Università degli Studi di Torino): Les hommes plus bêtes que les animaux: humanité et animalité dans les fables d'Antoine Furetière

Dans son fablier (Fables morales et nouvelles, Paris, C. Barbin, 1671) Antoine Furetière prend le parti de mettre en scène non seulement des animaux mais aussi des hommes, bien connotés(« Je n'ay pas voulu introduire dans mes fables des animaux seulement mais encore des docteurs, des philosophes, des arbres, des plantes et autres choses » Avis au Lecteurs).
En plus, souvent les animaux de ses apologues prennent délibérément des traits humains. La frontière entre animalité et humanité est donc loin d'être rigide.
À travers une confrontation continue et des oppositions souvent ridicules entre hommes et animaux, aussi bien que par des renversements de rôles et des changements de perspective, Furetière porte un regard satirique sur la société dans laquelle il vit, en critiquant et dénonçant de manière ironique certains comportements.


Elisabetta Barale (Università degli Studi di Torino): La conversion du roi Label dans la forêt: autour d'une version tournaisienne du XIIIe siècle

Parmi les œuvres transmises par le manuscrit tournaisien Paris, BnF, fr. 24430 (fin du XIIIe siècle ; Krause 2009), l'histoire anonyme du roi Label, tirée d'un énigmatique Livre des Rois, retient spécialement notre attention à l'occasion de ce Colloque, dont l'un des thèmes porte sur les animaux dans la forêt. L'ouvrage raconte la vie d'un souverain africain qui, après avoir fait naufrage sur une île peuplée par des bêtes sauvages, se convertit au christianisme; ses compagnons d'aventure décident alors de se venger en l'enfermant dans un navire avec un lion qui, conformément au topos biblique de Daniel dans la fosse, se révèle aussi docile qu'un agneau. Dans son édition de l'Estoire del Saint Graal, J.-P. Ponceau (1997 : 616) observe que ce texte est très semblable à l'épisode du Joseph d'Arimathie dans lequel la conversion du roi Label suit à peu près le même parcours. Puisque les ressemblances et les différences entre les textes mériteraient d'être examinées, notre communication souhaite proposer une analyse à la fois littéraire et philologique des deux récits. En premier lieu, il s'agira d'étudier le bestiaire symbolique des forêts dans lesquelles le protagoniste se perd : dragons, serpents, ours, lions et cerfs incarneraient en effet l'itinéraire spirituel du souverain. Ensuite, l'examen de la scène consacrée à l'ordalie du lion nous fournira le point de départ pour pousser un peu plus loin les recherches inaugurées par J. K. Simpson (1975) sur les sources du récit.


Yoan Boudes (Sorbonne Université): Le cheval inexistant : présence et absence du corps de l'animal dans les bestiaires français

Parfois fissuré entre une définition scientifique et une identité symbolique, le genre du bestiaire se lit, selon sa définition générale, comme un recueil de notices qui entendent décrire une ou plusieurs propriétés d'une espèce animale pour ensuite en révéler l'interprétation moraleou spirituelle. Toutefois, si elle est bien constitutive de ces textes dès son origine, quelle estexactement la forme prise par cette description, « naturaliste » ou « scientifique », qui chercheà présenter, à montrer et à caractériser la faune dans son identité naturelle ? En partant du constat que le corps bestial fait, en réalité, souvent figure d'absent ou d'implicite dans les notices, on cherchera à montrer que la physicalité n'est présente qu'en creux ou qu'en fragments dans ces textes pour mieux en renforcer le projet didactique et les conditions épistémologiques. En effet, aprčs avoir évoqué quelques modalités de la présence du corps animal dans le corpus des bestiaires français, on pourra mieux mesurer l'intérêt ambivalent des auteurs pour la description physique, qui ne cherche ni à partager la faune en catégories (sans opposer par exemple l'animal sauvage et le domestique, ou les créatures merveilleuses et les espèces indigènes), ni à rendre compte de la morphologie générale des espèces. Il s'agira ensuite de relier ce constat à son corollaire : la mise en place d'une rhétoriquedu langage et de la parole, bien plus à męme de servir et d'illustrer le projet d'écriture desclercs, traducteurs et moralisateurs. Ce faisant, on pourra tenter de réconcilier l'enjeu naturalisteet le projet spirituel dans l'entreprise męme du didactisme du bestiaire, texte de savoir, detranslation et d'enseignement.


Thierry Buquet (CRAHAM, CNRS, Université de Caen Normandie): La girafe de Laurent le Magnifique et sa postérité iconographique, humaniste et politique

La girafe arrivée à Florence en 1487, si elle n'a pas vécu longtemps en Italie après son arrivée (à peine plus d'un an) a été l'objet d'une grande attention par les artistes de la Renaissance et les humanistes. Elle a été notamment mise en scène, à la fois dans les textes et dans les images, pour mettre en valeur la richesse et la puissance de Laurent le Magnifique. L'exposé fera le point sur les circonstances de son arrivée en tant que cadeau diplomatique (dans un contexte d'échanges commerciaux entre Florence et l'Égypte mamelouke) et sa postérité dans les textes et les images. Contrairement à ce que les panégyristes du Magnifique ont pu écrire, et que la tradition historiographique a longtemps repris, cette girafe n'a peut-être pas été le seul spécimen visible en Italie à la fin du XVe siècle. De récents travaux universitaires permettent de réévaluer totalement ce dossier, à travers des questionnements qu'il s'agira de confronter à une analyse renouvelée des sources connues.


Mara Calloni (Università degli Studi di Macerata): L'utilisation des structures narratives dans l'analyse de l'histoire génétique du texte: le cas de l'anthropomorphisme dans la deuxième section de labranche XIème du Roman de Renart

Depuis longtemps, le jugement sévère de "récit mal construit" attribué à la branche XIème, mieux connue sous le nom de Renart Empereur, s'est fondé sur l'idée que la branche en question soit un long récitunique, réalisé par une figure d'auteur précise et caractérisé par une genèse unitaire. À mon avis, la branche se présent plutôt comme la juxtaposition de deux unités narratives parfaitement autonomes du point de vue diégétique et génétique: la première section, plus variée et dynamique, se présente comme une chaîne d'aventures et de rencontres vecues par Renart, dont certaines remontent à la tradition renardienne; la deuxième section, plus homogène dans son style et son contenu, se déroule entre la cour et le champs de bataille et conte les guerres que le peuple du roi Noble doit soutenir d'abord contre les païens, puis contre Renart et les barons en révolte.
Les deux sections qui composent la branche se distinguent clairement aux différents niveaux de structure, de contenu, de style et de stratégie narrative. Dans ma communication, je vais illustrer comment la categorie de l'anthropomorphisme, communément considérée comme vague et restrictive par la critque renardienne la plus récente, constitue en revanche un outil d'étude efficace pour démontrer les différences entre le deux sections de la branche. Mon analyse permettra également d'explorer l'équilibre unique de contenu et de style, qui caracterise chaque aventure.


Rev. Gregory I. Carlson, S.J. (Creighton University, Omaha, Nebraska): What John Ogilby Did for Aesop

John Ogilby is by anyone's account a fascinating personage. He remade himself several times over in life. Helped by his father's winning a lottery, he conducted lotteries – often using his handsome, large books as a prize – when he several times lost everything. Succeeding first as a dancer but handicapped then with a lifelong injury, he turned to dancing school and theater. He was on the losing side in civil war and found his way back into power. Born in Scotland, he rose to power in both Dublin and London. His last years were deeply involved in creating and marketing oversized volumes presenting continents. His combination of energy and vision was singular!
We are fortunate that he focused this energy more than once on great visions dealing with Aesop's fables. England had never known a serious visual book of fables combining literary and visual art. The last serious illustrated Aesop was Caxton's in 1493. Having learned Latin as an adult, Ogilby created his own set of 81 Aesopic fables in 1651 and had them adorned with the "sculptures" of the German Franz Klein, regularly anglicized as Francis Cleyn. Clein's etchings in this quarto edition brought English illustration of Aesop a large step forward from the woodcuts Caxton had done in imitation of those in Julien Macho's translation of Heinrich Steinhoewel's edition in Ulm in 1476.
Ogilby's 1651 book is best seen, I think, as a kind of performance art for people serious about culture. Ogilby lifts the fables into the realm of poetic literature and embellishes the basic stories with a wealth of mythological, historical, and political reference. The historical and political references are complex. The royalist forces Ogilby supported had just been soundly defeated at Worcester shortly before the book's publication. But the wealth of reference in the context of good storytelling, combined with serious visual artwork, sets a new mark in the history of British fable illustration. As James Shirley's commendation at the beginning of the edition claims, Ogilby does "make old Aesop rise a poet too."
If we are to believe the forthcoming book on this edition by Donald Beecher, Ogilby did nothing less for English culture than to raise Aesop's fables from schoolroom exercises to serious literature. For Ogilby, Aesop is a consummate philosopher and mythologist, and Ogilby's work on the fables, beginning in 1651, vindicates him as such. It is an accomplishment Ogilby would have been proud of – and an accomplishment he furthered by the ensuing editions of fables, each marking a new stage of development in raising the stories of this genre to the level of respected literature.
Fourteen years later in 1665, Ogilby sets a new mark by returning with a folio edition. This edition offered two new enhancements. First, the art work was done now by Wenceslaus Hollar, often basing his engravings on the simpler etchings of Cleyn. Critics rave about the achievement of Hollar, one of the standout artists in the history of fable illustration. The second enhancement is that Ogilby himself creates a set of marginalia commenting and expanding on the various references already referred to above. Performance art has gone one step further as a learned, curious man invites cultured readers into the realms of ancient story and mythology. Some of the fascination in reading this book is surely the simple pleasure of listening to a learned man in action.
Then in 1668 Ogilby takes one more step. This folio adds a second volume, also illustrated by Hollar and also including extensive marginalia. The book is costly and impressive, a valued possession for cultured British gentlemen and their families.
John Ogilby exemplifies four aspects of the diversity in fable publication. Authors understand the actions of fables differently. Authors moralize differently. Illustrators present differently. And publishers frame their books differently. For Ogilby, the story itself is expandable, bendable, relatable. He enjoys, for example, tying two and three stories together. Thus the battle of the birds versus the beasts (Fable XXIX) leads in a continuing story-line into the story of the jay and the peacocks (Fable XXX). Similarly, "The Wolves and the Sheep" (Fable XXXI) sets up "The Wolf and the Fox" (Fable XXXII). Seldom have fabulists in the European tradition attempted this sequential approach to the stories they handle. The same ass changes careers unwisely in Fable LXVIII, watches great war horses decimated in Fable LXIX, and wears a lion's skin Fable LXX. The wolf, lamb, and crane figure in two fables that have one illustration to join them (XIV and XV). Has anyone else in the European tradition of fables thus integrated small groups of fables?
Ogilby, like the general run of fabulists, chooses what he will highlight in his moral, which remains a consistent element of four lines added to each story. In coming generations, fables' morals will be transformed into lengthy sermons called applications and will be in fact contorted to touch on any number of subjects, even within one application. Ogilby's narratives can sweep over a number of mythological and historical themes, many of them followed up on in his marginalia. But in his morals he wisely disciplines himself. Each story gets four lines to express its point, clearly separated from the narrative and highlighted.
In Hollar and his associated artists, Ogilby has talented people who choose a dramatic and evocative moment to illustrate. Those familiar with fable will remember many of these as great moments in the history of fable. Even the first twenty offer abundant examples that have helped mark the tradition ever since: "Of the Dog and Shadow" (II); "Of the Court Mouse and the Country Mouse" (VII); "Of the Lyon and the Mouse" (IX); and "Of the Husband-Man and the Serpent" (XVI).
And Ogilby adds his own touch to this largest edition by pulling together a second volume and its marginalia to comment on the stories. This edition is a singular accomplishment in a history of fable books marked by creative advances in so many ways. I know of nothing like it in the whole tradition! Ogilby's accomplishment, in short, epitomizes the diversity of response that many of us so love in fable books.


Paola Cifarelli (Università degli Studi di Torino): Tant gratte chievre que mal dist'. A propos d'une ballade anonyme du manuscrit Turin, BNU J.II.9

Le manuscrit Turin, BNU J.II.9, mieux connu sous l'appellation de « Codex franco-chypriote », constitue un ensemble cohérent de textes latins et français accompagnés de musique ; daté des premières décennies du XVe siècle, il a suscité à plusieurs reprises l'intérêt de la critique, d'abord par les recherches pionnières du musicologue Heinrich Besseler (1925), puis grâce à l'édition de la musique et des textes procurée par Richard H. Hoppin dans les années 1960. Plus récemment, une édition en fac-simile du manuscrit (1999) et des recherches paléographiques, stylistiques et historiques ont amené Karl Kügleà formuler l'hypothèse d'une origine italienne du codex (2012). Une nouvelle édition diplomatique des textes et de la musique est en cours aux éditions Ut Orphaeus de Bologne, sous la direction de Raphael Picazos.
Pour ce qui est plus particulièrement des textes français (8 motets, 102 ballades, 43 rondeaux et 21 virelais), Isabelle Fabre, qui en prépare actuellement l'édition critique en collaboration avec Gilles Polizzi, a fourni l'analyse littéraire de plusieurs compositions en montrant tout l'intérêt de ce répertoire cohérent. Pourtant, plusieurs questions restent ouvertes, notamment à propos du commanditaire et du projet qui sous-tend la structuration des poèmes vernaculaires.
Dans le cadre de mon intervention, je souhaite m'arrêter sur la ballade J'ai maintes fois oÿ conter (n. 5), dont le refrain est construit sur le modèle de l'épiphonème proverbial en recourant au proverbe bien connu Tant gratte chèvre que mal gist (Morawski n. 2297, Leroux de Lincy t. I, p. 164 ; Hassell C140). L'étude des renvois intertextuels que la sentence parémiologique permet de tisser, ainsi que celui du dialogue que cette ballade entretient avec les deux textes copiés respectivement en regard et en dessous dans le manuscrit, apportera peut-être quelques éléments nouveaux pour l'interprétation d'un répertoire qui exploite non seulement le registre religieux et la thématique courtoise, mais aussi la dimension anti-curiale.


Grégory Clesse (Thomas-Institut, Universität Köln): Du végétal à l'animal, de l'animal à l'humain : le lexique de la scala naturae dans les traductions et commentaires médiévaux au De animalibus d'Aristote

Dans son Traité des animaux, Aristote considère que « la nature passe petit à petit des êtres inanimés aux êtres doués de vie, si bien que cette continuité empêche d'apercevoir la frontière qui les sépare, et qu'on ne sait auquel des deux groupes appartient la forme intermédiaire »(Aristote, Histoire des animaux, VIII, 1, 588 b, trad. Pierre Louis, 1969). Ce principe d'échelle naturelle entre les vivants connaîtra de nombreux prolongements, que ce soit dans la littérature scientifique en langue arabe ou dans les commentaires latins. Dans cette communication, nous proposons de revenir sur le lexique employé par Aristote au sujet de cette fluidité entre les règnes et les espèces, et d'examiner la façon dont cette notion a été transposée dans les traductions du traité en langue arabe d'abord, puis en latin à partir de l'arabe par Michel Scot, enfin du grec au latin par Guillaume de Moerbeke. Plus spécifiquement, nous nous concentrerons sur les espèces présentant des facultés habituellement associées à l'humain, en portant un accent particulier à la capacité de discernement et de mémorisation. Un cas typique est celui du « pygmée », discuté notamment par Albert le Grand, qui le situe dans une position intermédiaire entre le singe et l'humain. Nous étendrons donc notre réflexion lexicologique au commentaire d'Albert le Grand, en analysant, plus généralement que dans le seul cas du « pygmée », la façon dont la frontière est tracée entre l'humain et l'animal du point de vue de leurs capacités cognitives.


Anne Coby (University of Cambridge): Fabliau criticism in the last decade

Themes and tendencies in critical work on the fabliaux since the publication of The Old French Fabliaux: An Analytical Bibliography (2009).


Alessio Collura (Università degli Studi di Palermo): L'animal entre texte et image: le cas du Dit dou lyon de Guillaume de Machaut

Parmi les Dits de Guillaume de Machaut consacrés aux figures animals, celui "du lion" mérite sans aucun doute un nouvel examen critique. Il s'agit d'une œuvre narrative de plus de 2000 octosyllabes qui a été écrite en 1342 et transmise par 11 manuscrits (siécles XIV et XV). Ces manuscrits, en particulier, rassemblent toutes les œuvres de Guillaume de Machaut et sont presque tous accompagnés d'un bon apparat iconographique. Par ailleurs, les 2 manuscrits qui n'ont pas de enluminures sont cependant prédisposés à les recevoir, en soulignant l'importance de l'élément iconographique dans le processus de structuration des manuscrits consacrés à les œuvres de Guillaume de Machaut, donc dans le processus de leur réception et de leur 'monumentalisation'.
Cette communication a pour but de réfléchir sur le rapport texte-images dans tous les manuscrits enluminés du Dit dou lyon, en particulier à travers l'analyse et la description de l'animal-lion dans la forêt à la fois sur le plan textuel et figuratif. De cette façon, on essaiera aussi de comprendre quelles sont les scènes ou les descriptions qui sont tirées du texte pour être exécutées en images, et à cet égard les modèles iconographiques exploités par les enlumineurs seront mis en évidence.


Michela del Savio (Università degli Studi di Torino): Some observations and new acquisitions on the Libro della natura et bellezza delli astori et sparvieri of Giacobello Vitturi from Trogir

The recipe book for the care and regiment of goshawks and sparrow-hawks entitled Libro della natura et bellezza delli astori et sparvieri, was written by Giacobello Vitturi, a citizen from Trogir (today in Croatia), between 1433 and 1437, about a decade after the conquest of the city by the Republic of Venice: the known witnesses of this text are all copied at least half a century after the date of its composition, and are all written in Italian.
After a brief presentation of the “new” witnesses founded, which the Grmek critical edition (1969) could not take into account, we will present the sources that has been possible to recognise in the text and we will comment the contents of some recipes. Particular attention will be given to the relationship between man and animal, and to the originality of the collection compared to the previous and contemporary traditions of other sources.


Jan Dienstbier (Charles University, Prague): Parliament of fowls and other fables in central European wall paintings

The contribution will focus on the damaged wall paintings in the castle of Jindřichův Hradec. Among other motives, the unique paintings contain a depiction of the Bohemian kingdom's high court alongside the scene of the parliament of fowls. Recently, it was proposed that this allegory sought to demonstrate the natural power of the king, whose right hand was Henry IV. of Hradec as the burgrave of Prague and the chairman of the high court. However, there are not only grounds to contest the dating of the paintings to the era of Henry's chairmanship but also the strict meaning connected with the power representation. Suitable comparisons offer German textual versions of bird's parliaments, which must have been known to some extent even in Bohemia. To set the scene in Jindřichův Hradec in a more general context, I shall show how fables were used as an allegorical tool in medieval wall paintings in a wider region of central Europe (Bohemia, Hungary, Austria).


Irmgard Fuchs (Universität Zürich): Aspects of Domination in the Middle High German and the Middle Dutch Beast Epic

Based on a common Old French version, the story of the sly fox spread out over Europe in a German tradition (Reinhart Fuchs) and a Dutch tradition (Van den vos Reynaerde, Reinaerts Historie). When comparing these three texts, there are three observations to make: Firstly, that the 'Hoftag' is in all three tales the central event. Secondly, that on the 'Hoftag', the story centres around the conflict between the king (lion) and his vassal (fox). Thirdly, that this conflict between king and vasall is solved in each of the three tales in a deviating way and thus the 'Hoftag' ends differently: In Reinhart Fuchs, the king is murdered by the fox and the fox leaves court, in Van den vos Reynaerde, the king is tricked by the fox and the fox leaves court, in Reinaerts Historie, the fox is appointed deputy by the king himself and becomes a member of the centre of power.
This paper will discuss this conflict between king and vassal, the different endings of the three tales and aspects of domination into the Middle High German and the Middle Dutch beast epic.
(This paper will be held in German.)


Nicolas Garnier (Sorbonne Université): Le rire est le propre de la femme : rire des femmes et contes à rire

Dans la littérature comique médiévale, les femmes sont le plus souvent la source du rire. Il est vrai qu'elles sont dépeintes sous un jour peu recommandable : que ce soit dans le Roman de Renart ou les fabliaux, elles sont gourmandes, lubriques, mal intentionnées, en un mot, marquées irrémédiablement du péché de la « gula ». On comprend alors qu'elles deviennent aisément des éléments clés pour les récits comiques. Leur ruse intrinsèque est un moteur essentiel à l'action, et leurs innombrables défauts, autant de cibles que le rire peut brocarder et dont il est aisé de se moquer. Rappelons d'ailleurs que des textes plus sérieux, comme les sermons, n'hésitent pas à utiliser le rire pour condamner les vices féminins. Il n'est pas rare d'ailleurs que certains textes montrent une assemblée masculine se riant d'une femme, comme dans Le chevalier qui fist les cons parlers. Néanmoins, dans ces récits misogynes, on voit apparaître ponctuellement un rire féminin : rire de la princesse qui la délivre de son mutisme dans le Vilain Mire ; rire des trois chanoinesses devant une histoire graveleuse dans les Trois chanoinesses de Cologne ; etc. A priori, ce rire semble des plus condamnables. En effet, il apparaît sardonique, moqueur et cruel : après tout, le personnage qui rit des tours diaboliques de Renart, c'est avant tout Hermeline, son épouse. De la même façon, ce rire a fort à faire avec la sexualité, comme l'atteste le rire grivois des dames de Cologne. Pourtant, dans une littérature qui se veut comique, le rire ne saurait être uniquement vu sous un versant négatif. Après tout, un personnage riant peut représenter le lecteur/auditeur lui-même face à l'histoire narrée. Le rire féminin n'est donc pas sans ambiguïté, qui plus est parce qu'il est écrit par des hommes, ce qui crée déjà une distorsion. C'est donc sur cette ambiguïté que nous nous interrogerons.


Diane Heath (Canterbury Christ Church University): Political Pearls of Wisdom: Anselm's Animal Similitudines, Bestiary tropes, and the politics of preaching

Monks of Canterbury Christ Church Cathedral Priory witnessed and experienced a complex process of intellectual and spiritual renewal, fired by the original and inspiring ideas of their abbot and Archbishop, St Anselm. Some of Anselm's ideas on the nature of Creation and man's place within it (e.g. Cur Deus Homo) were forged during his episcopate (1093-1109), at a time of political tensions over the nature of monastic renovatio on whether Benedictines should be allowed to preach to the laity, as well as political arguments with King William II and King Henry I. This paper will focus upon the animal tropes in his Similitudes recorded or written during his archiepiscopate to examine how thinking about animals was an intrinsic part of Anselm's arguments concerning Creation and how his works were used in the politically-charged early twelfth century. For Anselm's parables include references to the Bat and the Owl, the Eagle, and the Oyster's Pearl and these particular tropes (also found in the bestiary) were used by monks to preach to laypeople, a political outreach sanctioned by Anselm. In the hands of Anselm's disciples these parables became passionate, persuasive and political pearls of wisdom for the people.


Matouš Jaluška (Czech Academy of Sciences, Prague): Unable to Play, Unable to Pray: The Culture of Crane People in the Old Czech Vévoda Arnošt

The second part of Old Czech chivalric romance about Duke Ernst (Vévoda Arnošt, written c. 1360–1400, unique manuscript witness from 1470s) starts withan episode of battle between the protagonist's retinue and bird-headed monsters,the Crane People of Cyprus,whohad abducted an Indian princess and tormented her to death before Ernst was able to help her. This scene, common to all major versions of the German Herzog Ernst narrative (of whichthe Czech text is a translation),emphasizes the masculine bestiality and impudence of the monsters in contrast with the princess' gentle features and Ernst's civilized smartness, which at the end prevents him from saving her life.In the paper I will focus on specific characteristics of the Czech version, decidedly late, less "courtly" and more religiously oriented than its German models, especially on the Cranes' monstrous inability to use their beaks for pronouncing any utterance intelligible for humans,combined with their apparenthigh degree of political and cultural organization.


Jakub Jauernig (Charles University, Prague): Lions of Ilion or lions of Albion? Troy heraldry in early Tudor armorials

The main topic of this paper is a royal heraldry of British insular kingdoms, specifically the heraldic figure of lion in the coat of arms of England, Wales and Scotland. There exist some hints that early Tudor tried to support their legitimacy to the throne of England by the mythological heraldry, besides other things, the lions of Troy. The narrative about a trojan origin of inhabitants of the British Isles existed since 12th century. This story became popular during the Middle Ages and it spread through many aspects of the medieval culture. This paper deals with a question: "Did early Tudors invented (or re-invented) the heraldic figure of "trojan" lion? How they used it in the insular context?"


Lucie Jollivet (Université Rennes 2): Du chien à la Bête : politisation de la métaphore animale dans les milieux intellectuels français au temps de la guerre civile, 1408-1429

La fin du XIVe et le début du XVe siècle constituent un moment particulièrement difficile pour le royaume de France car les catastrophes s'enchaînent. Pour les intellectuels de l'époque, notamment les membres du mileu humaniste français, les péchés des puissants sont sans conteste à l'origine de la situation calamiteuse du royaume.
Or, dès les premiers siècles du christianisme, le monde animal a offert un potentiel inépuisable de correspondances entre les différents vices et les comportements d'une espèce donnée, mais aussi de description des effets dégradants des péchés sur l'être humain. Très rapidement, le lion représente l'orgueil et le loup l'avarice. Toutefois, le système est particulièrement souple et flexible, adaptable en fonction des besoins. Une image surtout concentre en elle seule toute la force de cet univers animalier, c'est la « Bête » des douzième et treizième chapitres de l'Apocalypse, vivante incarnation du Mal et synthèse de tous les vices. Nicolas de Clamanges, Laurent de Premierfait, Pierre d'Ailly, Jean Gerson ou encore Alain Chartier, décrivent donc dans certaines de leurs œuvres un corps social dévoré par une maladie dont ils analysent les symptômes et les origines, non plus seulement moraux, mais également civils et politiques, sans se priver d'utiliser la métaphore animalière.
Au centre des débats se trouve en outre une œuvre contestée dès sa création, la Justification de Jean Petit, longue apologie du tyrannicide, devant justifier l'assassinat de Louis d'Orléans par les sicaires du duc de Bourgogne, le 23 novembre 1407. Malgré la condamnation du texte en 1414, il nous en reste aujourd'hui un certain nombre d'exemplaires sous la forme de manuscrits, enluminés ou qui auraient dû l'être. Leur diffusion en Europe est la preuve d'une puissante propagande écrite et iconographique, mise en œuvre par l'entourage du duc de Bourgogne, au sein de laquelle le combat entre le lion et le loup est la métaphore du conflit opposant Louis d'Orléans à Jean sans Peur avant le tragique événement de 1407. Le milieu humaniste français n'y reste pas insensible et lui oppose une franche résistance, tout aussi animalière, qui ne s'apaise pas même avec la mort de Jean sans Peur en 1419. Comme si rien ne pouvait plus ni entraver la parole, libérée par la puissance évocatrice de l'image, ni empêcher le chaos de survenir, qu'il soit ou non incarné par la Bête.


Baptiste Laïd (Université Paris-Est Créteil): Le couronnement de l'aigle: le développement d'une « épopée aviaire » en filigrane dans les Fables de Marie de France

Le recueil de fables de Marie de France, le premier recueil de fables en français, reprend à plusieurs reprises, mais toujours dans des fables narrativement isolées, le motif classique de la « cour du lion » qui connaît, presque simultanément, une expansion majeure en français dans un récit continu sous la forme du Roman de Renart. Cette métaphore politique, dans laquelle le lion-roi est entouré d'animaux incarnant divers types sociaux, s'accompagne cependant dans le recueil du développement parallèle d'une société aviaire nettement distincte de celle des quadrupèdes. C'est l'aigle qui y règne, l'autour est son sénéchal et cette cour des oiseaux est confrontée à des conflits nouveaux qui permettent d'illustrer des problématiques politiques différentes de celles de la cour des animaux. Quoique les fables qui traitent de cet autre monde, certaines antiques, d'autres entièrement nouvelles, soient éparpillées dans le recueil, elles sont néanmoins reliées par un personnel et des thèmes précis, inscrivant l'ensemble dans une pratique narrative à mi-chemin entre la fable et l'épopée animale. Un tel tissage de fables sous forme de récit discontinu est inédit dans un recueil de fables.


Catherine Léglu (University of Reading): Birds and prophecy in the Revelations of Constance de Rabastens

Medieval apocalypticism went beyond commentaries and the liturgy into discrete forms of visual representation and written expression. Constance de Rabastens (active c.1384-86) was a female visionary whose transcribed words were banned from circulation and who was imprisoned. She has been studied in the context of the writers surrounding the Great Western Schism, notably by Blumenfeld-Kosinski (2006), whose translation of the Catalan text has made her writings more widely known (2010). Constance's words are said to derive from her encounters with at least one book as well as sermons and artworks. One of her visions, dated to the year 1374, describes a flock of multicoloured swans that foretell a period of disease and famine. This paper will compare her Revelations with Catalan and Occitan copies and translations of apocalyptic books, drawing on recent work on book illustration in Occitan-speaking regions in this period.


Llúcia Martín Pascual (Universidad de Alicante): Animal et politique dans le Livre des Bêtes de Ramon Llull (XIIIème siècle)

Le Livre des Bêtes de Ramon Llull est un petit livre dédié à l'éducation des futurs princes ou dirigeants, même des personnes qui vont tenir le pouvoir. Le Livre des Bêtes se trouve dans un travail plus vaste, le Livres des Merveilles, dans laquelle un personnage, Felix, explore le monde pour arriver à construire un traité encyclopédique sur le monde, les homes et Dieu. Cette œuvre était écrite à Paris vers le 1289 avec l'objectif de trouver parmi la raison, la connaissance divine.
Les fables du Livre des Bêtes sont très près au Livre de Calila et Dimna, l'œuvre oriental que semble être l'original de Llull, mais dans l'œuvre catalane, on peut trouver des récits uniques et une relation particulier entre le monde animal et les hommes que n'est pas dans l'œuvre oriental. La intention principale de le livre de Ramon Llull est offrir des exemples aux dirigeants qui doit distinguer entre les bons conseillers et ces qui vont les trahir, représentés par Na Renard. Il faut dire que les récits médiévales dédient la plus part des exemples politiques à chercher et trouver la trahison dans le pouvoir. Les rôles des animaux dans le livre de Ramon Llull sont très connus: le lion est le roi, les animaux qui mangent de la viande sont les plus renommés que les autres qui mangent des plantes, le renard (ce le nom du personnage principal) est la plus astucieux et méchant.
Dans cette communication nous voulons présenter quelques exemples de récits du livre de Llull et nous allons considérer la frontière fragile entre l'humanité et l'animalité dans les fables que dénigre le comportement humain.


Vasiliki Malatra: Les frontières mobiles entre l'humanité et l'animalité : les cas des centaures et desgorgones de l'Antiquité jusqu'au Moyen Age classique

La relation homme-animal remonte à la nuit des temps. Les animaux représentés sur les peinturesmurales de la grotte Nerja en Andalousie pourraient dater de 42.000 ans. Les études des scienceshumaines, des philosophes, des psychologues et de la médecine essaient depuis longtemps de tracerles frontières entre l'homme et l'animal. Cependant l'homme a voulu démolir ces frontières ; lesdeux êtres mi-homme mi-animal de la grotte des Trois-Frères (Occitanie, France), datant duPaléolithique supérieur, en font la preuve. Depuis l'antiquité la mythologie, la littérature etl'iconographie abondent en ces personnages « doubles ». En Babylone on pouvait envisager desdivinités sous la forme d'entités mi-animales mi humaines : une tête d'animal et un corps d'hommeou le contraire. Il en va de même en Égypte mais le corps des divinités reste humain. En Grèceapparaissent les gorgones, les satyres, lescentaures, le cynocéphale et d'autres hybrides.L'iconographie de la plupart de ces hybrides a survécu jusqu'au Moyen Age mais la penséechrétienne l'a convertie en une image nouvelle chargée d'un symbolisme chrétien. De quelsymbolisme s'agit-il ? Existe-t-il un rapport entre les deux entités réunies en une seule ? Étudiant lesmodalités de la construction de l'image des centaures et des gorgones depuis l'Antiquité jusqu'auMoyen Age classique nous allons essayer de répondre à ces questions.


Antonio García Montalbán (Universidad de Alicante): Le bestiaire de Blasco. Une lecture de El papa del mar

On a marchandé à Blasco une place d'honneur dans la construction de la modernité littéraire. Certain spécialiste de Blasco en a signalé les raisons, "il incarnait trop d'antonymies". D'entre les plus suggestives : « la Méditerranée face à l'éternelle Castille", "le matérialisme et la sensualité face au mysticisme". Même ainsi, la force de sa narrative a survécu au passage des générations et aux préjugés de la critique. Blasco n'a jamais manqué de lecteurs.
Assurément, le bestiaire qu'il offre dans son roman El papa del mar (1925), où il développe le thème du schisme d'Avignon, ne se conforme pas au modèle traditionnel. Mais la présence des animaux, au-delà de leur fonction comme recours littéraire qui proportionne une vraisemblance au récit, introduit un ordre poétique et surtout moral à travers les analogies qui saisissent des éléments herméneutiques de grand intérêt. Le but de cet essai est de faire des recherches sur la nature et la signification du bestiaire de ce roman particulier, œuvre d'un Blasco Ibañez en pleine maturité créative.


Caterina Mordeglia (Università degli Studi di Trento): The 'Lion King' from Phaedrus to La Fontaine (and Walt Disney)

The paper aims to analyze Phaedrus' fable IV 14, De leone regnante, of which only the initial part has come to us, and her Mediaeval rewritings of Romulus, Ademar of Chabannes and Marie de France, up to La Fontaine and Walt Disney, in the light of the most recent critical acquisitions.


Virginie Muxart (Université Paris 13 - Sorbonne Paris Cité): La genette, animal emblématique à succès chez les Jean aux XVe et XVIe siècles (France)

La communication que nous proposons répond à l’une des questions posées à la fin de celle que nous avions présentée à Utrecht, au XVIIIe Colloque de la Société internationale renardienne (2009). En effet, d’après les découvertes et les pistes de recherche présentées dans notre thèse, la genette est non seulement devise parlante de princesses prénommées Jeanne mais l’est aussi d’hommes prénommés Jean : qu’ils soient libraires ou hommes vivant dans l’entourage de rois ou de ducs, exerçant les fonctions telles que chanoine, chambellan, maréchal ou même valet de chambre, ils arborent la genette en héraldique soit comme meuble, cimier ou support et pour certains, comme devise parlante, parfois en association avec la fleur de janette. A n’en pas douter, la genette a été très à la mode en France aux XVe et XVIe siècles.


Martin Nejedlý (Université Charles de Prague): Reinardus en Bohême: l'interminable chemin de la bête perfide médiévale au compagnon espiègle mais attachant

La contribution retrace la représentation du renard dans les sources tchèques à travers les siècles. En partant de l´image du traître pervers de la Chronique de Kosmas (début du XIIe siècle), en passant par le renard avide des fables en tchèque et par la figure du mauvais conseiller des rois dans le miroir des princes de Smil Flaška de Pardubice (XIVe siècle), cette veine de représentation négative aboutit au XVe siècle, lors de la révolution hussite, à un portrait très négatif de la bête rousse – aussi bien dans le camp de la réforme que dans le camp catholique (bestiaire de Pavel Žídek, vers 1460).
L´ image change radicalement grâce aux adaptations de la matière des premières branches françaises du Roman de Renard en tchèque (par l'intermédiaire de l'allemand). Ses avatars aboutissent au XXe siècle à la figure de héros (ou d'héroïnes) sympathiques : la petite renarde rusée, transcrite en musique par Leoš Janáček et la "compagne malicieuse renarde" de Josef Lada, connue de tous les enfants tchèques.


Florence Ninitte (Université catholique de Louvain): Des sphères célestes à la diversité terrestre : les théories astrologiques sur la porosité des règnes dans les cosmographies et géographies arabes

La littérature des merveilles de langue arabe (les ʿajaib) a pour vocation d'apporter une description de l'univers, tout en expliquant son ordonnancement et ses mystères. En d'autres termes, les ʿajaib se présentent comme un effort intellectuel, dont la finalité est d'examiner « le cosmos où sont inscrits les gestes de Dieu » (Bencheikh 1988 : 152, 153). Ainsi, les auteurs décrivent la création, des cieux jusqu'au monde sublunaire – qui comprend les humains, les animaux, les végétaux et les minéraux. Parmi le règne animal, ils font référence à nombreuses créatures aux formes et à la nature surprenantes pour lesquelles il est difficile de déterminer si elles sont humaines ou animales.
L'examen auquel ils soumettent ces créatures délivre différentes explications sur la cause de leur diversité et de leur nature composite. Selon le rapport établi entre ciel et terre, les sphères célestes – et corrélativement les sept climats qui divisent le monde habitable – semblent avoir une influence directe sur les transformations que subissent hommes et animaux.
La finalité de notre communication sera de déterminer, d'une part, la place des théories portant sur l'influence des astres sur le monde sublunaire dans les récits de merveilles et, d'autre part, la façon dont les auteurs les ont exploitées pour aborder la question de la diversité des espèces et de l'existence de créatures entre humanité et animalité. Afin d'apporter une réponse à ces questionnements, nous isolerons ces différentes théories, avant de les analyser et de les commenter en nous appuyant, entre autres, sur les grandes introductions à l'astrologie (Abū Maʿšar, al-Qabīṣī).


Valentina Piro (Università degli Studi di Trento): Birds of Prey in Odo of Cheriton's Fables

Birds of prey are usually associated with power and wealth, and have been heavily used in family insignia throughout history to portray political strength and nobility. With his Fabulae (~1225), however, Odo of Cheriton was not interested in this kind of links, but wanted instead to provide his contemporary society with a collection of exempla of both a virtuous and vicious life, in order to address the wickedness of his times. Odo thus used animals, and especially birds of pray, to focus on spiritual and earthly qualities as well as faults, to portray God/Christ and the Devil. His favorite spot to do so were rewriten morals, which he used for refection and for explaining his personal symbolism. Here, the many potential values of birds of prey allowed Odo to exploit not only their classical links and meanings, but also to make them stand for the wicked and the just, for good prelates and sinners, often explicitly stating the association.
In my short presentation, I will frst provide examples of the main features of Odo's tales, both in regard to birds of prey and to other animals; then, I will make comparisons between his usage of these creatures and other medieval Latin fabulists. The many diferent facets Odo exploited in regard to raptors are comprehensive of almost all of the possibilities ofered by his cultural environment, but at the same time he put in place a new, "practical" perspective, which made his collection and his portrayal of animals stand out.


Jordi Redondo (Universitat de València): Le corbeau protecteur, un ange théromorphe

Notre communication a le but d'attirer l'attention sur le motif du corbeau qui fournit à l'héros des informations absolument décisives et lui prête son aide pour une bonne réussite. Notre intérêt porte non pas sur le personnage du Roman de Renart, mais sur d'autres corbeaux, messagers qui partagent des traits soit avec les êtres surnaturels tels que les dieux, soit avec les mortels. Ces corbeaux ont leurs racines dans la mythologie, selon qu'on peut décéler d'après des textes anciens. Pourtant, la réinterprétation chrétienne en le présentant comme un animal dangereux et malin a entraîné une certaine confusion, qu'il faut corriger de façon à bien comprendre l'origine et la fonction du corbeau.


Revital Refael-Vivante (Bar-Ilan University): How to Deal With Governmental Violence: A Lesson on Internal Politics by a Gazelle and a Camel (Fox Fables by Berechya ha-Nakdan, France 12th Century)

Fox Fables by Berechya ha-Nakdan is a collection of Hebrew fables written in the Middle Ages (France, 12 century). This work was written in the context of its time and place and is intended for Jewish readers of that era. In the preface to the book, the author states that his purpose is to correct the moral character of society in his generation. In my lecture I will discuss the fable "Lion and Beasts." In this fable the author seeks to teach his readers - specifically via situations from the world of wild animals – how to avoid violence; how to avoid governmental violence; and how to conduct oneself with tolerance and moderation in order to make one's world cultured and peaceful. The author's advice is that peaceful dialogue extinguishes hatred and prevents violence, even concerning a violent ruler.


Bernard Ribémont (Université Orléans): La chanson de geste et la mise en scène de personnages entre humanité et animalité : jeux, variations, ambiguïtés

Lorsque l'on pense, pour la littérature médiévale de langue française, à des personnages relevant de l'homme sauvage ou, plus généralement relevant d'une intersection entre animalité et humanité, il vient à l'esprit des textes appartenant à la tradition du roman de chevalerie quelque peu peuplé de monstres et géants divers ou d'animaux en relation étroite avec des humains (Yvain), aux lais bretons (Bisclarvet) et bien évidemment à la tradition renardienne et des fables. On pense moins souvent à la chanson de geste. Cependant, l'épopée médiévale a aussi son contingent de monstres et d'êtres qui oscillent entre animalité et humanité (d'une certaine manière Renouart au tinel, le Corsolt), mais met également en scène des relations particulières entre animal et humain, comme dans Macaire ou Valentin et Orson. Je me propose donc d'étudier, dans l'économie narrative de l'épopée, les fonctions de ces personnages et des relations animalité/humanité.


Hans Rijns (Utrecht University): Oh, it's so dark in the bushes...

Before the Enlightenment, the forest was considered dangerous and obscure. There were things in there that could not bear the daylight. The same applies to some medieval fables - the ultimate example being the events at the Kriekeputte near Hulsterloo in the Middle Dutch beast epic Van den vos Reynaerde. (Of Reynaert the Fox). In the forest (loo) nearby Hulst (a small town South-West in the Netherlands), sodomy and counterfeiting would be practiced. A treasure would be hidden in that forest with which, according to Reynaert, a plot against King Nobel would be financed.
In my reading, I examine other happenings in forests in the Reynaert. In addition, I also investigate the fables of Esopus in our edition Het leven en de fabels van Esopus(The Life and the Fables of Esopus, Rijns & Van Bentum, 2016). Are there in those fables forests too, and what happens in the dark bushes?


Gavino Scala (Universität Zürich): La frontière entre l'homme et l'animal: différences entre le droit naturel, le droit des animaux et le droit humain dans la première traduction française du De regimine principum

Le De regimine principum est un traité moral, philosophique et didactique sur l'éducation et la formation du prince, écrit par Gilles de Rome autour de 1279-1280, commandé par le roi de France Philippe III le Hardi, et dedié à son fils, et successeur au trône, Philippe IV le Bel. Quelques années plus tard (probablement en 1282), le roi lui-même commande une traduction du De regimine principum, exécutée par Henri de Gauchy, chanoine de Saint-Martin de Liège. L'objectif de cette traduction est de fournir au roi un traité de philosophie pratique, plus compréhensible et accessible par rapport au modèle latin.
L'objectif de la présente contribution est d'approfondir les réflexions sur les différents types des lois dans ce texte (deuxième partie du troisième livre, en particulier les chapitres XXII-XIV) et de vérifier comment l'animal est considéré dans ce discours politique. Le droit des animaux est placé hierarchiquement sous le droit naturel et «consiste nell'impeto naturale, alla procreazione ed alla educazione della prole». Il paraît interessant d'examiner le passage de la source au volgarizzamento par rapport à ces arguments. On verra que la version française abrège fortement les argumentations philosophiques sont trés abrégées et souvent perd la densité du discours didactico-moral de la source latine.
La différence entre homme et animal s'incrit donc dans ce cadre et elle est l'argument du chapitre XXIII, qui est significatif aussi du point de vue philologique: il représente un important élément pour faire la lumière sur les rapports entre les manuscrits parce qu'un petit groupe de témoins omet ce chapitre, la majorité présentant la rubrique plus un petit résumé, en renvoyant au latin, et trois manuscrits présentent la même rubrique et le même résumé du group précédent, mais en plus ajoutent le texte latin du chapitre en question.


Antonella Sciancalepore (Université Catholique de Louvain): Impressionable women : a study case on human-animal reproduction in medieval literature and science

Zoophilia and bestiality are reproached throughout medieval culture, in theological treatises, penitentials, and literary texts. Some scientific treatises, from Isidore (8th century) to Ambroise Paré (16th century) consider bestiality to be the cause of monstrous births, while others (Albert the Great, 13th century), sticking to Aristotelian biological knowledge, firmly deny the possibility that cross-species sex may produce offspring. However, there is a type of cross-species generation that appears in both scientific and literary texts: the idea that a woman's vision or the thought of an animal during human-with-human coitus will result in the generation of a hybrid. In this sense, therefore, imagination is considered to be a powerful genetic input to animal reproduction, so powerful to allegedly be able to overcome the natural sexual incompatibility between human and non-human species.
Through a discussion of both types of cross-species generation in scientific definitions and in literary narratives (e.g. Perceforest, Guerre d'Attile, Roman d'Alexandre), this paper aims to demonstrate that, when transforming an act of human-animal coupling into an act of imagination, the texts discharge the humans of their responsibility and allow for a reflection on human-animal intimacy and on life created across the human-animal continuum.


Kathryn L. Smithies (University of Melbourne): Crossing the Border between Humanity and Animality: The Ass in the Fabliau Le Testament de l'asne

In the medieval world of Latin Christendom, the ass was a paradoxical animal: a metaphor for profane-holy, stubborn-obedient, natural-unnatural. The ass also crossed the human-animal boundary; Balaam's talking ass (Old Testament) and humans behaving as asses (the Feast of the Ass). Yet in the Christian world of medieval Europe, crossing the boundary between animal and human was not looked upon favourably. After all, the bible had declared man to have dominion over the animals [Gen 1:26]; and people who assumed animal forms "put themselves on a level with asses" (Peter Chrysologos [5thC]). But arguably, one ass went further than demonstrating a human trait, instead assuming human status. In the old French fabliau, Le Testament de l'asne or The Testament of the Ass, an ass achieves human status, not only transgressing the human-animal divide, but doing so with the sanction of the Church. In this paper, I consider how the paradoxical nature of the fabliau serves as an ideal medium to showcase the paradoxical nature of an ass, which crosses the animal-human boundary to assure personhood.


Martin Šorm (Charles University, Prague): Who said that? Reading the New Council by Smil Flaška of Pardubice

The Czech 14th century poem New Council may and has be read by many as a political advice, as a partisan manifesto, or as a representation of the complex human society. But is it inevitable to base our interpretations on the premise that animals represent human beings, or that they play a merely instrumental role in the medieval anthropocentrical symbolism? And is it always possible or necessary to build a fixed boundary between humanity and animality in a medieval poem? I will summarize the debates about a proper interpretation of the poem, and argue that each speaker (animal / zoomorphic creature) in the New Council captures this border on a different place or level.


Elina Suomela-Härmä (Université de Helsinki): Les incipit du Roman de Renart

Dans cette communication, sera proposée une typologie des incipit des branches du Roman de Renart. Le terme incipit sera employé dans un sens large : contrairement à l'usage courant, il n'indiquera pas un nombre prédéfini de vers initiaux, mais la portion du texte précédant l'action proprement dite. Un des critères traditionnels pour la définition de l'incipit, la longueur de l'échantillon textuel pris en considération (le premier vers ou couple de vers, la première phrase…), sera sinon ignorée, du moins considérée comme secondaire. Pour introduire son public dans l'univers renardien et présenter la situation initiale des protagonistes, le narrateur peut en effet se contenter de quelques octosyllabes (Messires Nobles li lions / o lui avoit toz ses barons ; / trois jorz out sa cort tenue)(VIII), mais il lui arrive aussi de se lancer dans des considérations fort circonstanciées. Ainsi la br. XIV s'ouvre-t-elle avec un discours moralisant de 60 vers, suivi d'un incipit, si l'on peut dire, « secondaire » : Seignor, se vos volez oïr, / je vos dirai ja sanz mantir / de Renart le gorpil la vie. (vv. 61-63). Il arrive plus d'une fois que le narrateur extradiégétique entame la branche avec des réflexions sur son auditoire (de sarmon n'avez vos cure / ne de corsaint oïr la vie) (II) ou sur l'intérêt des aventures narrées (Seignor, oï avez maint conte /… Mais onques n'oïstes la guerre, /… qui mout dura et mout fu dure) (III). S'il est plus modeste, il peut exprimer sa crainte de ne pas être à la hauteur de son public (Ge vos voil uns vers comencier, /mais je vos criem mout anoier. / Se vos volez, je me tairai) (VI). Il va sans dire que dans ce genre d'incipit, les figures rhétoriques abondent.
À part les incipit à proprement parler, seront prises en considération aussi les formules avec lesquelles les aventures narrativement indépendantes s'enchaînent les unes aux autres à l'intérieur d'une seule et même branche. La question est de savoir si les deux types d'attaques en question présentent des traits en commun ou non.
La dernière question examinée concernera le rapport entre l'incipit et l'explicit : le premier détermine-t-il en quelque sorte le second ? En d'autres mots, un incipit contenant par ex. une intervention du narrateur extradiégétique présuppose-t-il la réapparition de ce dernier dans l'explicit ?
Le corpus analysé est constitué de l'ensemble des éditions courantes du Roman de Renart depuis celle d'Ernest Martin.


Yasufumi Takana (Université Seijo, Japon): Qui poursuit Renart ? (RenR, vv. 5921 sq.)

Dans l'épisode du viol d'Hersent de la branche II (selon Martin) du Roman de Renart, Ysengrin poursuit Renart avec Hersent et faillit son coup. Le sujet de la phrase qui y succède varie selon les manuscrits. C'est Ysengrin qui s'avance après Renart selon les mss. B, C et M tandis que c'est Hersent selon les mss. du groupe alpha et mss. K et H. D'où vient cette mouvance ? En se demandant ainsi, est-ce qu'on peut arriver à suggérer quelque chose concernant l'origine de notre roman ?


Claudia Tassone (Universität Zürich): De Prothée à Renart/Tibert, ou de l'homme chasseur de femmes à la femme rusée

Vers la fin du XIIe siècle, après une période d'oubli, l'œuvre mineure d'Ovide connaît une forte renaissance. Au moins cinq traductions de l'Ars amatoria en français nous sont parvenues, qui témoignent du grand succès de l'auteur latin. Il ne s'agit pas de traductions au sens moderne, mais plutôt de réécritures qui adaptent les éléments du monde romain au monde médiéval. Les « traducteurs » ont librement remanié le texte ovidien, en en changeant l'ordre structurel, en ajoutant des concepts ou en omettant des passages plus ou moins longs. De tels phénomènes se manifestent généralement quand un concept pose des problèmes de compréhension. C'est le cas, par exemple, des noms propres, et particulièrement des noms de personnages mythologiques. Souvent ce type de noms est (inconsciemment) soumis à une altération graphique, mais il peut arriver qu'un traducteur choisit de l'omettre tout court. Ainsi, si vers la fin du premier livre de l'Ars amatoria, pour renforcer le concept de l'homme s'adaptant à tous types de femmes, Ovide recourt à l'image de Prothée, le dieu multiforme, Maître Élie, l'auteur de la traduction la plus ancienne que nous connaissons, omet non seulement cette référence, mais aussi tout le passage qui la contient. Le passage ovidien qui suit et sa traduction française sont encore plus intéressants pour notre sujet : si Ovide compare la femme méfiante à une vieille biche devinant les pièges des chasseurs, Maître Élie s'appuie sur deux figures animalières bien célèbres de son temps : « Et qui vorroit femmes deçoivre / Cele vorroit mielz aperçoivre / Toz les tors et toz les baraz / Que Renarz et Tibert le chat » (vv. 697-700). Nous nous proposons donc d'analyser le mécanisme derrière le choix du traducteur médiéval : pourquoi ne rien garder du passage sur Prothée, qui pourtant est comparé à beaucoup d'animaux différents ? Pourquoi ne pas recourir à la figure de la biche, plutôt que de la remplacer par les célèbres Renart et Tibert ? Pour cette dernière question, il faudra aussi examiner la conception différente de la femme à deux époques assez éloignées l'une de l'autre, tout en considérant les associations les plus répandues avec les animaux, symboles de caractéristiques bien définies.


Vered Tohar (Bar-Ilan University): The politics of punishment: wild animals and the sin of adultery in ethical Jewish literature

The aim of my lecture is to demonstrate how Hebrew ethical literature uses folktales in order to simplify complicated theological ideas, but at the same time, those folktales tend to subvert the overt message and distort it. I will focus on one chapter from the popular ethical compilation Kav HaYashar [The strict virtue]. This chapter uses a story about an adulterous woman who got widowed and her husband came back from the other world to revenge her in the body of a dog. The dog validated the woman's body while she was sleeping in her bed. This tale, which has similar motifs with medieval exempla, is aimed to frighten the readers from making adultery, but at the same time functions as a transgressive tale to entertain the readership – as Gothic stories tend to do. Another side of the story is its misogynic tone, which also characterizes medieval and pre-modern Jewish ethical essays. I will give a close comparative reading of this tale from cultural, folkloric and psychoanalytic perspectives. I will explain the special role of wild animals in adultery stories of the time.


Richard Trachsler (Universität Zürich): Les taches du tigre, les rayures du léopard. Accidents iconographiques et philologiques

S'il existe une caractéristique sûre qui permet d'identifier le tigre et le léopard, ce sont bien les rayures du premier et le taches du second. Dans les manuscrits médiévaux il arrive toutefois que les deux traits, si distinctifs pour nous modernes, se trouvent inversés. Pour ce qui concerne le tigre, ce n'est pas seule métamorphose que lui réserve la tradition iconographique du Moyen Age. Il peut en effet se muer, parfois, en dragon.
La présente communication se propose d'expliquer les raisons de ces transformations.


Matouš Turek (Université Charles de Prague): La structure du Nouveau conseil de Smil Flaška de Pardubice : ses sources, inspirations et parallèles

Le Nouveau conseil, le seul parlement animalier dans la littérature en vieux tchèque, a récemment recommencé à attirer l'intérêt des historiens travaillants sur les questions sociales et politiques associées au règne du roi Wenceslas IV de Luxembourg. Afin de bien déterminer et apprécier la valeur mimétique ou réflexive du poème à l'égard des procédés et du fonctionnement du corps politique dans le Royaume de Bohême sous Wenceslas IV, il est néanmoins nécessaire de considérer en premier lieu la facture littéraire de la narration. La communication proposée se concentrera sur la structure et le développement du texte en les comparant en même temps avec quelques parallèles internationaux. En intégrant certains éléments des recherches récentes sur les parlements d'oiseaux allemands, nous proposerons enfin de contextualiser les racines du principe dialectique présent dans le poème et de réévaluer une hypothèse de filiation abandonnée depuis longtemps.


Rik van Daele: VOSSEN. An expedition in the modern land of Reynard in 2018

The Phoebus Foundation, a Flemish art foundation based on Anglo-Saxon law with philantropic objectives (founded by Fernand Huts, the CEO of the Antwerp enterprise Katoen Natie) bought in the spring of 2016 a collection of 350 Reynaerdian books, probably the world's most important collection of Reynard books. The foundation acquires works of art, guarantees a professional framework of conservation and management, and looks after the conservation and restoration of the objects. In doing so, she focuses on scientific research, but she also shares the results with the widest possible audience, through exhibitions, cultural expeditions, symposiums and publications. In 2018, a huge Reynardian project was created, an expedition in which almost 60.000 participants made a cycling trip through the Flemish Waasland, the Antwerp port and Dutch Zeelandic Flanders (around Hulst). During this experience route the visitors explored the medieval Dutch animal story Van den vos Reynaerde in a very creative, playful and to a large family public accessible way. We try to detect the success factors of the event as part of the modern experience economy while reading Alessandro Bariccco's essay The barbarians. An Essay On the Mutation of Culture.


Gert-Jan van Dijk: Métafables internationales. Fables sur fables dans la littérature française, allemande et anglaise

TBA


Baudouin Van den Abeele (Université Catholique de Louvain-la-Neuve): Venator in silva : la chasse dans les bestiaires médiévaux

Les bestiaires latins et vernaculaires accordent une certaine place aux animaux chassés par l'homme, ce qui donne bien entendu lieu à des interprétations en clef allégorique. Dans les versions assez élaborées, une dizaine de chapitre sont concernés par la thématique. Texte et image se complètent dans les manuscrits pour en donner des scènes parfois riches en détails cynégétiques, mais dont la leçon adopte des connotations sombres. Les miniatures retiendront l'attention, car elles ne sont pas dépourvues d'intentions négatives : on s'intéressera à l'armement et à l'accoutrement des chasseurs, en réalité assez peu conformes à la pratique que dépeignent les traités de chasse contemporains. Les veneurs ont-ils droit au salut ?


Olga Vassilieva-Codognet (EHESS, Paris): Les bêtes de la fin des temps. La symbolique animale dans les Vaticinia de summis pontificibus

La célèbre série de prophéties papales aujourd'hui connue sous le nom de Vaticinia de summis pontificibus doit une bonne partie de son succès à ses images énigmatiques. Des énigmes dont nous avons souvent perdu la clef, et où les animaux occupent une large place : on y retrouve aussi bien l'ours, le renard et le corbeau, que la colombe, le serpent ou la licorne. La série de trente images se clôt d'ailleurs sur un terrible monstre androcéphale annonciateur d'apocalypse. Même si une bonne partie des animaux figurait déjà dans la très ancienne série d'oracles byzantins qui est à la source des Vaticinia, il n'en demeure pas moins que c'est bien la prégnance et la polysémie de la symbolique animale dans le monde de l'Occident médiéval qui a permis à ce recueil d'images prophétiques d'exister et d'évoluer au fil des siècles. Les Vaticinia ayant déjà fait l'objet de plusieurs études remarquables, nous nous contenterons pour notre part d'essayer de comprendre les différents aspects de la symbolique animale médiévale (biblique, axiologique, emblématique) qui furent mis en jeu lors de la genèse de ces saisissantes images allégoriques.


Paul Wackers (Universiteit Utrecht): The Dutch Reynaert tradition in nationalistic and in transnationalistic perspective

The Dutch Reynaert tradition consists of two texts: Van den vos Reynaerde and Reynaerts historie. The first get the most attention nowadays, the second is the starting point for almost the whole post medieval Reynardian tradition in Europe.
Van den vos Reynaerde is one of the most iconic texts in Dutch nationalistic literary history. Ever since its discovery in the beginning of the 19th century it has been seen as a masterpiece and a unique expression of 'Dutchness'. This link with national identity no longer exists but the text is still seen in a very nationalistic, e.g. purely Dutch, perspective. This implies that the modern view is as constructed as the 19th century one and it is possible, and perhaps necessary, to study Van den vos Reynaerde and its successor Reynaerts historie also from a transnational perspective.
When one does that, it is remarkable how important the region between Paris and Ghent becomes. There were written the Ysengrimus, the father of the genre, as well as many of the branches of the Roman the Renart, and both Dutch Reynaert texts. Why is this region so important?
Is there perhaps a link with the noble family of the Dampierres? We know from marginalia in Latin and French books from members of that family that they knew the Dutch Reynaert stories. And the French Renart le nouvel, as well as Reinardus vulpes, the Latin adaption of Van den vos Reynaerde, were written for members of this family. Is there a connection?
And when one looks at the development of the genre in the vernacular it is remarkable that it started in the 12th century as a form of short stories (the branches of the Roman the Renart) but that it developed in the 13th century into a genre of coherent, longer stories. But the way these longer stories were composed is different in the Elzas (Reinhart Fuchs), in France (Renart le nouvel, Renart le contrefait) and in Flanders (Van den vos Reynaerde, Reynaerts historie), while on the other hand all these new texts differ in a comparable way from the branches of the Roman de Renart. What explains these phenomena? From a scholarly point of view it would be far more productive to compare the Dutch Reynaert texts with other European stories about the fox. But until now this has only been done with a genealogical perspective.
This paper want to show how biased the modern views on the Dutch Reynaert texts are and what can be gained by studying them from a transnational perspective.


Clara Wille (Universität Zürich): Le Tigre dans les encyclopédies

Le tigre, animal rare, vivant en Asie, est peu connu en Europe. Le premier tigre est arrivé à Rome en 19 av. notre ère, un cadeau à l'empereur Auguste. Après l'ère romaine, le tigre tombe dans l'oubli pendant tout le Moyen Âge. Le premier tigre qui arrive en Europe après la période romaine semble être celui qui a été montré à la cour de la duchesse de Savoye à Turin en 1478, mais reste tout au long de l'histoire un animal rare et peu vu.Du coup, les informations le concernant sont fragmentaires et livresques, reposant sur les récits de quelques rares voyageurs et des sources écrites citant de seconde ou de troisième main. Notre exposé se propose d'examiner les articles du tigre dans quelques encyclopédies du Moyen Âge au xviiies.,en particulierles descriptions d'Albert le Grand, Gessner et Buffon sur ce félin fascinant.


Erik Zillén (Lund University): The Reception of the Aesop Biography in Early Modern Scandinavia

In early modern Europe, the Aesop biography – Βίος Αἰσώπου – played a central role in the history of the fable. After being translated into Latin in the 15th century, the biography became an integrated part of the genre tradition and was often included as introductory text in fable collections. Heinrich Steinhöwels bilingual edition Esopvs (1477) with the biography in Latin as well as in German formed somewhat of a paradigm. With Aesop as tangible example, a main function of the biography as a paratext was – besides being entertaining in itself – to instruct the readers of the collections how to use the fables in daily situations. In Scandinavia, the Aesop biography was published in five vernacular translations before 1800, two in Swedish and three in Danish. The differences between these two national strings of reception are remarkable. This fact might be explained partly in terms of the random character of early modern translation activities, partly in terms of weak co-ordination between the book markets in Sweden and Denmark respectively, for both of which European models were of more immediate importance and interest than the literary products of the neighbouring country.